Ludovic Debeurme
Ludovic Debeurme voit le jour à Paris en 1971. Son père artiste-peintre l’initie très tôt au dessin et à la peinture, activités qui accompagnent une enfance partagée entre la fréquentation d’insectes imaginaires et la mutilation de Playmobil. Il entame ensuite une adolescence marquée par la frustration et les déboires alimentaires, ce qui l’amène logiquement à entamer des études d’arts plastiques à la Sorbonne. Il entre dans l’âge adulte armé de ses pinceaux et de son imagination et trouve une autonomie financière grâce à l’illustration. Son originalité et sa parfaite maîtrise technique le font vite remarquer et il entame une brillante carrière dans la presse et l’édition jeunesse. Mais son inspiration se trouve vite à l’étroit dans ces commandes et, la peinture n’étanchant pas sa soif de raconter, il finit par se tourner vers la bande dessinée.
Parallèlement à ses nombreux projets de livres ou d’expositions, Ludovic Debeurme trouve encore le temps de mener une carrière de guitariste, se produisant régulièrement au sein de différentes formations de “jazz-manouche” dans des cafés où, coiffé d’un chapeau trop petit pour son crâne parfaitement lisse et rond, il met l’ambiance jusqu’aux premières heures du jour.
Le livre
Tout commence avec un arbre déraciné par le vent. Celui qu’on pensait éternel est couché sur le flanc, il nous appartient de le faire disparaître. Le souverain mis à terre,
sa grandeur paraît dérisoire. Bientôt, on le débite en portions calculées, on assemble ses rameaux en bottes, on le démembre branche par branche. Le travail achevé, il ne
reste que la souche, dont le sol n’a pas su retenir la masse.
Le spectacle de ces racines provoque le vertige ; c’est le temps de l’arbre qui s’expose à nos yeux, le passé qu’il a vécu, l’avenir qu’il se construisait. Cette expérience va
conduire Ludovic Debeurme à entreprendre un voyage temporel intime. La disparition de ses parents et l’arrivée de sa fille l’ont placé à mi-chemin d’une vie qui ne peut
plus se contenter d’elle-même. Chaque être est le fruit des destinées qui l’ont précédés et son existence annonce les vies qui lui succéderont. Basculant du temps immédiat
vers les abîmes du passé, rappelé dans un présent irradié par le futur, Ludovic Debeurme fait l’expérience des temps simultanés. Les époques se chevauchent et
s’entremêlent dans un tourbillon d’histoires, de souvenirs et de moments diffractant les images de vies imbriquées.
Livre de douceur et d’inquiétude, La cendre et l’écume explore l’étourdissement qui nous gagne lorsque nous atteignons « l’âge qu’avaient nos parents à notre âge ». Le trait souple de Ludovic Debeurme nous raconte avec simplicité la profondeur des strates émotionnelles qui nous traversent. Les deuils, les joies et le hasard dessinent nos vies sans nous consulter. Mais il nous appartiendra toujours d’y débusquer la sérénité qui s’y cache.